Rapport bourse de la region.
Introduction
Le rapport suivant donne une vue générale des démarches et des bonnes pratiques concernant l’échange international que j’ai pu vivre. L’échange effectué se situe au Japon, dans l’université de Tohoku, une université dans la province du Miyagi. La durée totale de l’échange est de deux ans et demi, ce qui constitue dans son ensemble un master entier plus six mois d’apprentissage du japonais. Après cette courte introduction, un détail pratique sur la vie et les démarches menées pour vivre au Japon sera donné. S’en suivra une deuxième partie faisant le bilan moral de cet échange.
Vie pratique
Les différentes démarches et étapes de l’échange seront détaillées dans chacune des prochaines sections.
Visa
Le Japon, étant en dehors de l’espace Schengen, nécessite un visa pour permettre ce genre d’échange. Un VISA d’étude a été demandé pour toute la durée de l’échange. Les démarches étaient très claires et n’ont pas posé une grande difficulté. Le fait d’être établi à Lyon a grandement simplifié la logistique, sachant qu’un consulat est situé dans la ville de Lyon. Après la procédure lancée au consulat, il ne reste qu’à attendre une dizaine de jours tout au plus.
Dans mon cas personnel, je vais me permettre une digression sur la demande d’un passeport. Pour permettre l’obtention d’un passeport dans les plus brefs délais, il existe une mairie dans la périphérie lyonnaise qui accepte, dans la logique du premier arrivé, 20 dossiers de renouvellement de passeport deux jours par semaine. Ceci permet de renouveler son passeport en à peu près un mois.
Logement
Au Japon, sachant que le domaine immobilier est très restreint pour des personnes non japonaises, l’université fournit des solutions pour permettre de s’installer facilement au Japon. Dans le cas de l’université de Tohoku, plusieurs solutions ont été proposées, et un choix a dû être décidé douze mois au préalable. Malgré de subtiles différences, la plupart des solutions mettaient en lumière des appartements d’une dizaine de mètres carrés comportant en addition une cuisine, des douches et des toilettes communes. Les affaires personnelles dans ce genre de complexe sont très régulées, et si l’on veut rester strictement dans les règles, il se doit d’amener le minimum au Japon.
Dans le cas où un étudiant voudrait vivre à l’extérieur des résidences proposées par l’université, il est très conseillé d’avoir un très bon niveau en japonais ou d’avoir un partenaire/colloc japonais, car le marché ouvert aux étrangers est très restreint et l’est encore plus si l’on ne maîtrise pas du tout la langue japonaise.
Le loyer dans les résidences universitaires est aux alentours de 45 000 yen (300 euros), et le loyer à l’extérieur pour une personne est aux alentours de 65 000 yen (450 euros). Le système japonais est bien différent du français dans le sens où souvent la caution peut être considérée comme perdue quoi qu’il arrive dans l’appartement. La caution fait office de frais de rénovation quand le résident part et que l’appartement doit être préparé comme neuf pour le prochain.
Argent
Le Japon est un pays utilisant en grande majorité l’argent liquide. Pour un échange de moyen long terme, il est conseillé d’ouvrir un compte en banque à la banque postale japonaise (ceci se fait simplement au travers d’une application sur téléphone). Ce compte permettra, entre autres, de payer automatiquement les assurances, le loyer et de recevoir une bourse. La loi anti-fraude japonaise contraint les étrangers vivant moins de six mois au Japon à ouvrir un compte étranger. Le compte étranger est plus restrictif sur plusieurs points :
- La carte bancaire fournie avec ne permet que de retirer de l’argent au distributeur.
- Tout virement bancaire vers une autre banque japonaise se fait en payant les mêmes frais de transfert que pour un envoi vers l’étranger, qui est de 20 euros à chaque virement.
Il est cependant simple de changer le statut au bout de six mois.
Il est conseillé pour tout étudiant en échange d’ouvrir un compte bancaire Wise. Wise est une banque en ligne internationale et multi-devises, qui permet de facilement convertir de l’argent d’une devise à l’autre sans frais cachés. De plus, Wise permet de s’affranchir des frais de transfert vers un compte étranger, car durant les virements, Wise fait le prêt d’une identité bancaire japonaise. Ce qui signifie que sans frais, l’étudiant peut transférer son argent du compte postal japonais à son compte international Wise. De plus, Wise propose une carte bancaire qui permet de payer sans frais dans la devise que l’on souhaite (sous réserve d’avoir de l’argent dans ladite devise) et de retirer du liquide deux fois par mois sans frais (cependant les ATM appliquent un frais ~220 yen par retrait).
Santé
L’étudiant arrivant au Japon doit souscrire à plusieurs différentes assurances.
La première assurance à laquelle souscrire est la Gakkensai 学研災, qui est littéralement l’assurance pour étudiant étranger. La seconde assurance est la complémentaire santé. Le système japonais se rapproche du système français dans le sens où l’État prend en charge 75 % des frais médicaux, la complémentaire prenant le reste.
Il est à noter qu’aucun vaccin spécifique n’est recommandé avant d’arriver au Japon. À l’exception, pour un étudiant allant vivre dans les régions sud du Japon, où il est conseillé de se vacciner contre l’encéphalite japonaise, une maladie grave transmise par les moustiques (ce vaccin est automatiquement prodigué aux Japonais). Sachant que le Japon est un pays contenant plus de chauves-souris que la moyenne d’un pays européen, il peut être marginalement conseillé de se faire vacciner contre la rage (les Japonais ne le sont pourtant pas).
Télécommunications
Le Japon fait état d’un réseau de télécommunications similaire à celui que la France avait avant l’arrivée de Free. Cela signifie que le prix est supérieur pour un service similaire disponible en France.
Plusieurs opérateurs sont facilement disponibles au Japon, et l’étudiant voulant ouvrir un compte téléphonique peut se rendre directement dans une agence qui vend les forfaits téléphoniques :
- Softbank
- Y Mobile
- NTT Docomo
- Rakuten Mobile
Il est cependant un peu plus pratique de se rendre dans un magasin généraliste proposant des offres avantageuses concernant la téléphonie :
- BIC Camera
- Yodobashi Camera
Il est à noter que les téléphones japonais et européens ont des puces NFC incompatibles, ce qui rend impossible l’utilisation d’un téléphone français pour prendre le train, métro ou bus au Japon. En ce sens, il est bon de penser que souscrire à une offre comprenant un forfait plus un téléphone pourrait être avantageux si l’on ne possède pas de carte de transport.
Pour l’étudiant ne voulant pas ouvrir un compte téléphonique au Japon tout en voulant profiter d’Internet, il pourra :
- Acheter une carte prépayée d’un mois, 10 Go d’Internet pour 20 euros chez BIC Camera.
- Ouvrir un compte chez un opérateur international tel que Ubigi.
À titre indicatif, les prix sont les suivants :
- 800 yen pour 4 Go par mois
- 2500 yen pour ~10 Go
Vie universitaire
Le système administratif japonais est légèrement plus complexe que celui que l’on peut retrouver habituellement en école d’ingénieur française. L’université japonaise, de par sa taille, est divisée en sections (ingénierie, médicale, agriculture, lettres, et ainsi de suite), et ces sections sont elles-mêmes divisées en départements (département de robotique, de mécanique, etc., dans le cas de la section ingénierie). L’étudiant au Japon devra alors s’adresser au bon niveau de la hiérarchie suivant ses demandes. Concernant les cours, qui représentent une enveloppe temporelle minoritaire dans un Master au Japon, l’étudiant devra choisir l’entièreté des cours qu’il voudra suivre. La sélection se fait en suivant une catégorisation finement détaillée dans le Graduate Student Handbook de l’université.
La relation étudiant-professeur au Japon est plus présente car le professeur devient le superviseur de la recherche que l’étudiant conduit. Malgré cette relation plus présente que dans l’environnement français, le contact avec les autres élèves est souvent minimal. Cela est en partie dû à la barrière de la langue et au fait qu’au Japon, la recherche est souvent plus tournée vers des contributions individuelles.
Vie quotidienne
L’étudiant français ne sera pas énormément dépaysé par la vie japonaise. Les horaires sont principalement les mêmes. Il est à noter que les restaurants sont bien moins chers : il faut compter en moyenne 6 euros pour manger en ville. Même si cela n’est pas le cas pour les étudiants japonais en Master, il est commun pour les étudiants en échange de prendre part à la vie de clubs (ou leur alternative moins intensive, les “cercles”). Ils peuvent se concentrer sur n’importe quelle thématique, que ce soit sportive ou culturelle. À titre d’exemple, je participe au cercle de Kyudo, qui est le cercle de tir à l’arc traditionnel japonais.
Bilan et suggestions
Le premier point est que le projet professionnel est resté inchangé, car l’objectif de cet échange n’était pas de le transformer. Il s’inscrivait plutôt dans une démarche visant à consolider les compétences déjà acquises et à renforcer son profil pour accroître son attractivité sur le marché du travail.
Ce bilan n’est que provisoire, ou du moins fait l’état de la moitié de mon échange, car il me reste personnellement un an et demi d’échange au Japon.
Je suis personnellement extrêmement reconnaissant envers l’École Centrale de Lyon qui offre l’opportunité d’effectuer ce double diplôme. De mon point de vue, seulement un échange de cette longueur permet entièrement de s’imprégner d’une nouvelle culture, en particulier dans le cas d’une aussi différente de celles que l’on peut retrouver en Europe.
Il est, de mon point de vue, important de garder un apprentissage continu du japonais pour être de plus en plus familier avec le Japon.
En soi, mon projet professionnel n’a pas beaucoup évolué dans le sens où j’aimerais toujours travailler dans la branche partenariats, échanges internationaux d’une entreprise européenne ou internationale. Je ne pense toujours pas que la vie professionnelle offerte directement par le Japon soit attrayante. D’un autre côté, je considère toujours lancer mon activité professionnelle en tant qu’indépendant ou en tant que travailleur à distance, ce qui me permettrait de rester flexible pour profiter du meilleur cadre privé possible.
Je ne pense pas avoir commis d’erreur lors de mon départ, ceci vient du fait que j’ai accepté de m’immerger entièrement dans cet échange. Je n’ai qu’un droit de regard et non de jugement continuel sur une culture qui n’est pas la mienne, et en ce sens, je ne peux qu’embrasser ma chance et mon devoir de m’intégrer du mieux possible dans cette nouvelle culture et langue.
Concernant l’établissement des partenariats et des échanges internationaux, le modèle de Centrale Lyon doit être considéré comme un standard en termes de bonnes pratiques. L’échange international détaillé dans ce rapport est co-géré par deux personnels de Centrale Lyon : la professeure de japonais de l’école et un chercheur enseignant proche du Japon. Ce système fonctionne bien, sachant que la professeure de japonais est japonaise, connaît parfaitement le fonctionnement de la société japonaise et est très impliquée dans le bien-être des élèves qui sont partis. Du côté de Tohoku University, le partenariat d’échange est géré par une unique personne très impliquée dans notre bien-être et dans le bon déroulement de l’échange. Ces deux principales personnes entretiennent de bons rapports et communiquent ensemble dans l’objectif constant d’améliorer ce partenariat.
Cette implication très sérieuse des gestionnaires du partenariat ne doit pas faire oublier que chaque élève doit préparer son dossier de manière autonome (mais pas sans aide si elle est demandée). Une grande implication de l’élève, combinée à la flexibilité offerte par les gestionnaires du partenariat, peut être vue comme un équilibre parfait pour l’entretien d’un partenariat pérenne.
Remerciements et licence de partage
Je remercie la région Auvergne Rhône-Alpes de m’avoir attribué cette bourse, qui a rendu mon échange encore meilleur et spécialement Maha ZAAFRANE pour son accompagnement au sein de l’École Centrale de Lyon.
Je donne mon accord pour partager ce rapport sous licence CC BY-NC 4.0.